Gaspard Gilbert Delamalle, 1816 : Essai d'Institutions oratoires

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Gaspard Gilbert Delamalle, Essai d’institutions oratoires à l’usage de ceux qui se destinent au barreau, Paris, Delaunay, 1816, t. I, p. 23-24.

CHAPITRE IV.

Des préparations nécessaires à l’orateur du barreau.

 

ARTICLE PREMIER.

Des études.

[...]

§ II.
De la philosophie morale.

[…] il est une autre étude sans laquelle cette science manquera de son flambeau, et sera pour l'éloquence comme un corps sans âme et sans vie : c’est celle du cœur humain : c'est l'étude de la philosophie morale : c'est celle des caractères, des passions et des mœurs.

La connaissance des lois fournit les matériaux de la défense : c'est la science du cœur humain qui les met en œuvre, qui pénètre l'esprit des lois et en développe les conséquences. Avec les lois on prouve son droit ; avec la science du cœur on détruit les préventions qui l'obscurcissent, on triomphe des passions qui l'attaquent, on ajoute la persuasion à la démonstration.

C'est la connaissance des caractères, des passions et des moeurs, qui rend habile à dévoiler la mauvaise foi, à surprendre la fraude, à confoncre l'imposture ; qui fournit les traits et les couleurs pour peindre les excès et les vices, comme pour honorer les vertus et faire briller l'innocence. C'est cette science du coeur humain, cette connaissance des caractères, des passions et des moeurs qui, vivifiant toutes les causes, animant toutes les parties du discours, donne de l'intérêt aux narrations, répand la lumière et la chaleur dans les discussions, et sait, dans les péroraisons, prêter à la force de a raison le charme du sentiment : c'est par elle, enfin, que vit et que règne l'éloquence.