Bernard Lamy, 1712 : La Rhétorique ou l'Art de parler

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Bernard Lamy, La Rhétorique ou l’Art de parler (5ème éd., 1712), éd. Ch. Noille-Clauzade (1998), Paris, Florentin Delaulne, 1715, p. 63 ; p. 151.

p. 63

CHAPITRE XII. Construction des mots ensemble. Il faut exprimer tous les traits du tableau qu'on a formé dans son esprit.

Les grammairiens appellent tautologie cette répétition des mêmes choses, qui ne sert qu'à rendre le discours plus long et plus ennuyeux. Lorsque le discours est ainsi chargé de paroles superflues, ce défaut se nomme aussi périssologie. Néanmoins on n'est pas obligé de ménager les paroles avec tant de scrupule, que l'on ne puisse mettre quelque mot de plus qu'il ne faut, comme quand on dit en latin, vivere vitam, auribus audire. Cette manière de parler qui est figurée, se nomme pléonasme ou abondance.

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PLEONASME.

Pléonasme, c'est quand on dit plus qu'il n'était nécessaire, comme quand on dit : Je l'ai entendu de mes oreilles. Ce mot vient d'un verbe grec qui signifie surabonder. Or il ne faut pas que ce qu'on ajoute soit entièrement superflu. Un pléonasme qui ne ferait pas une grande impression, ou s'il n'est pas nécessaire d'en faire une plus grande, est vicieux : ainsi dans ce discours : Comme je suis auteur, il faut que je réponde en homme du métier ; c'est-à-dire que j'examine selon les règles que nous ont données nos maîtres ; sans cela on ne me distinguerait pas du commun peuple. L'auteur des Réflexions sur l'élégance et la politesse du style, remarque fort bien que commun en cet endroit est un pléonasme inutile, puisque peuple tout court fait le même effet que commun peuple.

Lorsque ce que l'on ajoute dit plus, et qu'on monte comme par degrés, cela fait une figure que tantôt on nomme climax, tantôt auxèse, qui sont des mots grecs. Le premier signifie gradation, élévation qui se fit de degré en degré. Le second augmentation.