REPETITIO / RÉPÉTITION
De Repetitione seu Anaphorâ.
Diversis membris frontem dat Anaphora eandem.
Quid est Repetitio?
Figura est in quâ eodem verbo incipiunt membra periodi, vel incisa etiam. Est figura florida, & varias enumerationes dictat, asseverat, exaggerat.
Cedo exempla.
Ita Cicero pro Quintio, n. 82.
Quid haec amentia? quid haec festinatio? quid haec immaturitas tanta significat? Non vim, non scelus, non latrocinium, non denique omnia potiùs, quàm jus, quàm officium, quàm pudorem….ut nihil agis, nihil moliris, nihil cogitas, quod ego non videam planèque sentiam.
Sic etiam Virgilius:
Nos patriae fines, & c. Bucol. I. 3.
Hîc gelidi fontes, hîc mollia prata Lycori,
Hîc nemus, hîc ipso tecum consumerer aevo.
Ter conatus ibi collo dare brachia circùm:
Ter frustrà comprensa manus effugit imago.
Quodnam est proprium Repetitionis?
Omnes affectus exprimere. Haeret ubi in re aliquâ haerendum est, aut ubi auditor morandus in aliquâ, v. g. indignationem & furorem pingit in versibus Racinii sequentibus:
« Je ne t’écoute plus; va-t-en, monstre exécrable;
inquit OEnona Phaedrae furenti:
Va, laisse-moi le soin de mon sort déplorable.
Puisse le juste Ciel dignement te payer!
Et puisse ton supplice à jamais effrayer
Tous ceux qui comme toi, par de lâches adresses.
Des Princes malheureux nourrissent les foiblesses! »
Amorem, ubi sponsus deplorat triste fatum sponsae charissimae;
«O toi ….. fugitive Amarante!
Toi qui menes mon ombre après la tienne errante,
Toi dont la cendre froide embrâse tous mes sens,
Ecoute le récit des peines que je sens. »
Animo res fortiter inculcat. Sic But dalovius probare volens societati & bono communi utilem esse Religionem Christianam,argumenta aggerit repetitione valentissimâ.
« C’est cette Religion qui nous apprend à faire tous les jours des voeux à notre Dieu pour la prospérité de vos Césars, lors même qu’ils nous persécutent; & à offrir pour eux le sacrifice de nos autels, en même temps qu’ils sacrifient le sang de nos frères à la rigueur de leurs édits. C’est cette Religion qui nous apprend à servir dans vos armées avec une fidélité sans exemple, puisque vous êtes obligés de reconnoître que vous n’avez point de meilleurs soldats que les Chrétiens. C’est cette même Religion qui nous apprend à payer exactement & sans fraude les tributs & les impôts publics: jusques-là que les bureaux de vos recettes rendent graces de ce qu’il y a des Chrétiens au monde, parce que les Chrétiens s’acquittent de ce devoir par principe de conscience & de piété. »
Repetito elegantissimè geminatur cùm res oppositae inter se penduntur. Ita Cic. in Catil. I.
Nihil te nocturnum praefidium palatii? nihil urbis vigiliae? nihil timor populi? nihil consensio bonorum omnium? nihil hic munitissimus habendi Senatus locus? nihil horum ora vultusque movetunt.
Et Racinius, Esth., Trag. act. V.
Que le Seigneur est bon! que son joug est aimable!
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Il s’appaise, il pardonne;
Du coeur ingrat qui l’abandonne,
Il attend le retour;
Il excuse notre foiblesse,
A nous chercher même il s’empresse.
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Que son nom soit béni, que son nom soit chanté,
Que l’on célèbre ses ouvrages,
Au delà des temps & des âges,
Au delà de l’éternité.
Et apud Bolaeum:
L’argent, l’argent, dit-on; sans lui tout est stérile;
La vertu sans l’argent n’est qu’un meuble inutile:
L’argent en honnète-homme érige un scélérat:
L’argent seul au Palais peut faire un Magistrat.
Nonnunquam est symmetrica, ut in hisce
Cornelii versibus:
Qu’on parle mal ou bien du fameux Cardinal,
Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien.
Il m’a trop fait de bien, pour en dire du mal:
Il m’a trop fait de mal, pour en dire du bien.
Et apud P. Gerdil.
Beaucoup de sérieux dans des frivolités, & beaucoup de frivolité dans les affaires les plus sérieuses.