HYPERBOLE / HYPERBOLE
DE L’HYPERBOLE.
Quand la metaphore est hardie, c’est à dire, quand elle s’écarte trop de la vray semblance, elle est appellée Hyperbole.
Et quand elle est dure, c’est à dire, quand elle est tirée de trop loin, elle est appellée Catachrese.
Exemple de l’Hyperbole.
Son lit estoit noyé de larmes.
Ce n’estoit qu’un bout d’homme.
Exemple de la catachrese ou de l’abus.
Il bastit un ode à sa loüange.
Pepin estoit bref.
Quoy que Monsieur de Girac trouve que l’hyperbole n’ait esté inventée que pour relever des perfections, on peut dire qu’elle a esté inventée aussi pour ravaler des défauts, on n’est pas moins obligé de representer les laideurs du vice que les beautez de la vertu, & lors qu’on est contraint de décendre dans les exemples opposez, on auroit mauvaise grace de se servir de l’hyperbolle pour exprimer des vertus heroïques, & de ne s’en servir pas pour exprimer des vices excecrables.
L’hyperbole est belle, comme remarque ce bel esprit, quand elle est bien ménagée: mais pour peu qu’elle paroisse trop ce qu’elle est, elle est plus digne d’un comique que d’un serieux.
Aristote icy n’est pas de nostre sentiment. il condamne toutes les hyperboles, il dit que comme elles sont excessives, elles sont ordinairement dans la bouche de ceux qui sont dans l’excez, & il rapporte là dessus ce que fait dire Homere à une personne qui est en colere, Ne donnast il autant que la mer a de sablons, & que la terre a de points.
Il dit, neantmoins que cette figure estoit fort familiere aux Atheniens.
Il veut que ce soit la figure des jeunes gens.
Les metaphores qui mettent les choses comme devant les yeux, sont excellentes.
Exemples de ces sortes de metaphores.
Son épée, luy faisoit tousjours un chemin au milieu des ennemis.
Ses canons estoient si bien pointez qu’ils foudroient la ville.
Il y a des metaphores qui attribuent des passions & des vertus aux choses qui en sont incapables.
Exemples de ces sortes de metaphores.
Les jauelots ferrez sõt sur la terre épars.
Desireux de perser cuiraces & braçars.
Solitude, fidelle confidente de mes secrets.
Il faut remarquer en passant, que ces metaphores sont trop hardies, que la premiere est moins supportable que l’autre, & qu’encores qu’un illustre Grec s’en soit servy, il en faut bannir l’usage.
Il faut remarquer pourtant, qu’on peut attribuer des impossibilitez; que les termes analogues sont receus, qu’on peut dire de bonne grace, il a esté tué au pied d’une muraille.
Il faut remarquer de plus, que les metaphores sont les similitudes racourcies; que les translatious doivent estre tirées des analogies les plus exactes, & qu’on parle mieux quand on dit le pied d’un verre, que le cul, & c.
Il faut remarquer aussi que les Poëtes sont plus licentieux que les Prosistes, & que les metaphores, conviennent plus aux premiers qu’aux autres.
Il faut remarquer enfin que les metaphores ont esté inventées pour suppléer au deffaut de la proprieté des mots, pour relever la Prose, & pour exprimer en termes magnifiques des actions extraordinaires.