Joseph de Jouvancy, 1710 : Candidatus rhetoricae

Définition publiée par Mattana-Basset

Joseph de Jouvancy, L’Élève de rhétorique (Candidatus rhetoricae, 1e éd. 1710, 1e trad. 1892), édité par les équipes RARE et STIH sous la direction de D. Denis et Fr. Goyet, Paris, Classiques Garnier, 2019, première partie, "Comprenant les premiers éléments de rhétorique relatifs à l'invention", chap. VIII "Des lieux extrinsèques", p. 82-85 et chap. X, "Exemples des lieux extrinsèques", art. II, "Exemples des lieux du Serment, des Tortures et des Témoins", p. 112-115. 

Définition publiée par RARE, le 04 juin 2020

Comment composer un argument d’après les Tortures ? R. En montrant que ce n’est qu’à l’aide de tortures que l’on a arraché à l’accusé ou à ses complices l’aveu du crime dont il s’agit.

 

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ARTICLE 

Exemples des lieux du Serment, des Tortures et des Témoins.

 

Cicéron montre admirablement dans son traité sur les devoirs, liv. III, § 111, combien la religion du serment est sacrée, et combien on doit lui être fidèle. « Nos ancêtres, dit-il, ont voulu qu’il n’y eût pas d’obligation plus sacrée que le serment pour donner confiance. » < etc. Il ôte toute créance au serment d’un témoin dans le Pour Rabirius Posthumus, § 36 : « Dès qu’un homme s’est parjuré une fois, on ne doit plus le croire, quand il jurerait par tous les dieux. » Il presse son adversaire avec le même argument dans le Pour Roscius le comédien, § 46 : « Celui qui a l’habitude du mensonge », etc. >

C’est dans les Partitions qu’il donne les préceptes relatifs aux tortures < § 50 > et l’on en trouve des exemples dans ses discours pour Sylla, pour Milon et pour Roscius. < Pour Sylla, § 78 : « L’accusateur nous menace d’interrogatoires et de tortures subies par les esclaves : nous pensons n’avoir rien à craindre de ce côté », etc. Pour Milon, § 57, § 59 : « Mais, dit-on, les esclaves interrogés dans le vestibule de la Liberté déposent contre Milon », etc. Pour Roscius d’Amérie, § 119 : « J’ai déjà dit qu’on leur a demandé à plusieurs reprises », etc. >

Le même orateur recommande d’invoquer l’autorité des témoins dans ses discours contre Verrès, et dans beaucoup d’autres discours. < Contre Caecilius, § 13 : « J’ai pour témoins les plus illustres personnages », etc. ; Contre Verrès, V, § 164 ; Contre Verrès, III, § 166. Pour Roscius le comédien, § 44 : « Est-ce Manilius et Luscius qu’il ne faut pas croire ? Est-ce ton entêtement ? » etc. Pour Archias, § 8 : « En effet, lequel de ces points, Gratius, peut-on infirmer ? Nierez-vous qu’Archias fût alors inscrit à Héraclée ? Voici Lucullus qui l’affirme ; Lucullus, personnage d’une haute considération, d’une vertu sévère et d’une probité religieuse. Il ne dit pas : je crois, j’ai ouï dire, j’étais présent ; mais je sais, j’ai vu, j’ai agi moi-même », etc. 

Il infirme des témoignages dans le Pour Roscius le comédien, § 9 et 42, Pour Quinctius, § 37 et 25. Dans le Pour Flaccus il traite ce lieu en s’étendant longuement, § 9, 90, 22, etc. Pour Caelius, 22, 63. Le témoignage même de Caton, c’est avec un ton plus calme et des détours plus longs qu’il le fragilise et l’affaiblit, Pour Muréna, § 58 : « En présence d’un tel adversaire je vous supplierai d’abord, juges, de vous défendre de l’impression », etc. >

Les témoignages oraux et écrits de personnes sages, instruites et surtout les témoignages empruntés à l’antiquité ont une grande force pour persuader ; c’est pourquoi il faut les citer avec plus de pompe et d’importance que les autres. C’est ainsi que vous direz : « Je me rappelle ce mot célèbre de Platon qui nous avertit », etc. Ou bien : « Il me vient à l’esprit la réponse que fit Xénophon à quelqu’un qui lui demandait, etc. < et qui répondit… » Ou bien : « Dieu immortel ! sur quelle foule de grands hommes loués pour leur vertu et leur sagesse se porte mon regard, des hommes qui, quand il leur semblait », etc. « J’entends bien volontiers ce que Sénèque recommanda plusieurs fois à son Lucilius », etc. « Ce n’est pas sans un plaisir particulier que je me remets en mémoire cette formule de Cicéron… dont je sais parfaitement qu’elle te convaincra plus que ce que je pourrais dire moi-même. » « Je me réjouis de pouvoir produire comme témoin un homme remarquable qui réfute ce que tu dis avec une autorité plus grande que n’ont mes paroles. Saint Augustin dit, etc. » « Quel réconfort pour moi que cette maxime d’un homme si plein de sagesse », etc. « Cet homme exceptionnel ne parle pas avec moins de précision que de vérité quand il dit que », etc. « Jusqu’à quel point cela est contraire au droit, le prince des Philosophes nous l’apprend… » « Je suis sûr que vous vous rappelez ce qu’on lit chez… » « Je trouve admirable ce qu’a dit Socrate », etc. >