Dictionnaires et encyclopédies

Furetière

Passion de l’ame qui la trouble, qui luy fait perdre l’esperance. Il ne faut pas mettre un penitent dans le desespoir. Le desespoir est un peché qui ne se pardonne ni en ce monde, ni en l’autre. La perte de son fils luy a donné un mortel desespoir. Il s’est tué de desespoir. Souvent un heureux desespoir fait sortir des plus grands perils, et redouble l’audace. On dit aussi par civilité, Je suis au desespoir de vous avoir mis en colere. Je suis au desespoir du malheur qui vous est arrivé.

 

Encyclopédie

[Jaucourt]

[Morale]

Inquiétude accablante de l’ame causée par la persuasion où l’on est qu’on ne peut obtenir un bien après lequel on soûpire, ou éviter un mal qu’on abhorre.

 

Cette triste passion qui nous trouble & qui nous fait perdre toute espérance, agit différemment dans l’esprit des hommes : quelquefois elle produit l’indolence & le repos ; la nature accablée succombe sous la violence de la douleur : quelquefois en se privant des seules ressources qui lui restoient pour remedes, elle se fâche contre elle-même, & exige de soi la peine de son malheur, si l’on peut parler ainsi ; alors, comme dit Charron, cette passion nous rend semblables aux petits enfans, qui par dépit de ce qu’on leur ôte un de leurs joüets, jettent les autres dans le feu. Quelquefois au contraire le desespoir produit les actions les plus hardies, redouble le courage, & fait sortir des plus grands périls.

Una salus victis, nullam sperare salutem.

 

C’est une des plus puissantes armes d’un ennemi, qu’il ne faut jamais lui laisser. L’histoire ancienne & moderne en fournissent plusieurs preuves. Mais si l’on y prend garde, ces mêmes actions du desespoir sont souvent fondées sur un nouvel espoir qui porte à tenter toutes choses extrèmes, parce qu’on a perdu l’espérance des autres. Les consolations ordinaires sont trop foibles dans un desespoir causé par des malheurs affreux ; elles sont excellentes dans des accidens passagers & réparables.

 

Littré

Perte de l’espérance.

La reine au désespoir de n’en rien obtenir. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes]

 

En désespoir de cause, façon de parler adverbiale, tirée des habitudes du barreau, et qui signifie qu’on est à bout de raisons, qu’on a épuisé tous les moyens, qu’on ne peut plus résister à ce qui est demandé. J’ai cédé en désespoir de cause. Nous avons longtemps débattu l’affaire ; j’ai, en désespoir de cause, accepté ses conditions.

 

Faire une chose en désespoir de cause, essayer d’un dernier moyen, d’une ressource extrême, sans espérance de succès.