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1662 : Jacques du Roure

La Rhétorique française

Jacques Du Roure, La Rhétorique française nécessaire à tous ceux qui veulent parler, ou écrire comme il faut et faire ou juger : des discours familiers, des lettres, des harangues, des plaidoyers, et des prédications, Paris, chez l’Auteur, 1662, Troisième partie, p. 62.

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Furetière

Espece d’énigme en tableau, qui en representant quelque histoire connuë avec quelques paroles au bas, nous apprend quelque moralité, ou nous donne quelque autre connoissance. Les Emblemes d’Alciat ont été en grande reputation. Ce mot est purement Grec. Suetone rapporte que Tibere le fit rayer d’un decret du Senat, parce qu’il étoit mendié d’une autre Langue.

 

Encyclopédie

[Mallet]

Image ou tableau qui par la représentation de quelque histoire ou symbole connu, accompagnée d’un mot ou d’une légende, nous conduit à la connoissance d’une autre chose ou d’une moralité. Voyez Devise & Enigme.

 

L’image de Scevola tenant sa main sur un foyer embrasé, avec ces mots au-dessous : Agere & pati fortia romanum est, Il est d’un romain d’agir & de souffrir constamment, est un emblème.

 

L’emblème est un peu plus clair & plus facile à entendre que l’énigme. Gale définit le premier un tableau ingénieux qui représente une chose à l’œil, & une autre à l’esprit.

 

Les emblèmes du célebre Alciat sont fameux parmi les savans.

 

Les Grecs donnoient aussi le nom d’emblèmes aux ouvrages en mosaïque, & même à tous les ornemens de vases, de meubles, & d’habits ; & les Romains l’ont aussi employé dans le même sens. Cicéron reprochant à Verrès les larcins des statues, vases, &c. & autres ouvrages précieux qu’il avoit enlevés aux Siciliens, appelle emblemata les ornemens qui y étoient attachés, & qu’on en pouvoit séparer, auxquels ils ont aussi comparé les figures & les ornemens du discours. C’est ainsi qu’un ancien poëte latin disoit d’un orateur, que tous ses mots étoient arrangés comme des pieces de mosaïque :

Ut tesserulœ omnes,

Arte pavimenti atque emblemate vermiculatœ.

 

Les Jurisconsultes ont aussi conservé cette expression dans le même sens, c’est-à-dire pour tout ornement surajoûté, & qu’on peut séparer du corps d’un ouvrage. Dans notre langue le mot emblème ne signifie qu’une peinture, une image, un bas-relief, qui renferme un sens moral ou politique.

 

Ce qui distingue l’emblème de la devise, c’est que les paroles de l’emblème ont toutes seules un sens plein & achevé, & même tout le sens & toute la signification qu’elles peuvent avoir jointes avec la figure. On ajoûte encore cette différence, que la devise est un symbole déterminé à une personne, ou qui exprime quelque chose qui la concerne en particulier ; au lieu que l’emblème est un symbole plus général. Ces différences deviendront plus sensibles, pour peu qu’on veuille comparer l’emblème que nous avons cité avec une devise : par exemple, celle qui représente une bougie allumée, avec ces mots Juvando consumor, je me consume en servant ; il est clair que ce dernier symbole est beaucoup moins général que le premier. Voyez le dictionn. de Trév. & Chamb.

 

Littré

Aujourd’hui, figure symbolique, avec une légende en forme de sentence. Des boucliers ornés d’emblèmes.

Le Sphinx est son emblème [d’Octave] et nous dit qu’il préfère

Ce symbole du fourbe aux aigles de son père. [Voltaire, Octave et le jeune Pompée, ou Le triumvirat]

 

Emblème, Devise. L’un et l’autre est la représentation d’une vérité par un symbole sensible, accompagné d’une légende qui en exprime le sens. Ce qui distingue l’emblème de la devise, c’est que les paroles de l’emblème ont toutes seules un sens plein et achevé, ce qui n’est pas vrai des paroles de la devise qui ne s’entendent bien que lorsqu’elles sont jointes à la figure, Beauzée.

 

Emblème, Symbole. Selon Lafaye, le symbole et l’emblème diffèrent d’abord en ce que l’un est constant, primitif, traditionnel, d’une origine divine ou inconnue, et l’autre du choix ou de l’invention de quelqu’un qui l’imagine ou s’en sert à dessein en se fondant sur une liaison d’idées plus ou moins sensible. La religion a des symboles, les artistes ont des emblèmes. Le symbole est quelque chose de convenu, de généralement admis, l’emblème est le résultat d’une certaine œuvre et d’une création particulière.

Le gouvernail, dit Marmontel, est le symbole de la navigation ; les poëtes et les peintres en ont fait l’emblème de l’administration d’un État.