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1660 : Bary

La Rhetorique Francoise

René Bary, La Rhetorique Francoise Ou L'On Trouve de nouveaux Exemples sur les Passions & sur les Figures. Ou l'On Traite à Fonds de la Matière des Genres Oratoires, Paris, Pierre le Petit, 1660,  deuxième partie, « De l'oraison », p. 260

 

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1662 : Jacques du Roure

La Rhétorique française

Jacques Du Roure, La Rhétorique française nécessaire à tous ceux qui veulent parler, ou écrire comme il faut et faire ou juger : des discours familiers, des lettres, des harangues, des plaidoyers, et des prédications, Paris, chez l’Auteur, 1662, Quatrième partie, p. 78-79.

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1665 : Richesource

L’Éloquence de la chaire

Jean Oudart de Richesource, L’Éloquence de la chaire ou la Rhétorique des prédicateurs (1665), Paris, à l’académie des orateurs, 1673, p. 424-427.

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1710 : Joseph de Jouvancy

Candidatus rhetoricae

Joseph de Jouvancy, L’Élève de rhétorique (Candidatus rhetoricae, 1e éd. 1710, 1e trad. 1892), édité par les équipes RARE et STIH sous la direction de D. Denis et Fr. Goyet, Paris, Classiques Garnier, 2019, cinquième partie, "Exercices préparatoires < d'Aphthonius >", VI. "Sixième exercice préparatoire, De la réfutation, de la confirmation, de la louange et du blâme", chap. III, "Des différentes espèces de petits discours et de la manière de traiter chacun d'eux", "Oraison funèbre", p. 392-393. 

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1782 : Pierre Thomas Nicolas Hurtaut

Manuale rhetorices

P. T. N. Hurtaut, Manuale rhetorices ad usum studiosae juventutis academicae, Exemplis tum Oratoriis, tu Poeticis, editio tertia, Paris, chez l'auteur, 1782, deuxième section "De Dispositione", chap. IV "De variis Orationibus quae ad tria genera referri possunt", § I "Genus Demonstrativum ", p. 101.

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1872 : Colonia

De arte rhetorica, libri quinque

Dominique De Colonia, De Arte rhetorica libri quinque, Lyon, apud Briday Bibliopolam, 1872, Liber Quartus, chap. I, art. I, § 2, "De Laudatione Funebri", p 215-217

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Dictionnaires et encyclopédies

Furetière

Signifie aussi une harangue, un discours estudié et poli qu’on prononce en public, ou qui est composé à ce dessein. On prononce des Oraisons funebres aux obseques des grands, qui contiennent leurs éloges. Val. Publicola fut le premier parmi les Romains qui fit une Oraison funebre aux obseques de Brutus. Au commencement on n’en fit que pour les hommes. Ensuitte on commença à en faire aussi pour la Dames, parce qu’elles avoient contribué genereusement de leurs joyaux pour faire un present que l’on vouloir envoyer à Delphes. Plutarque invita camilla. Les Professeurs qui entrent en possession d’une chaire, ont coûtume de faire des Oraisons publiques et solemnelles. Les Regens de Rhetorique, font des Oraisons à leurs escoliers, au commencemens de l’année, et en quelques autres occasions. Les Anciens appelloient aussi Oraisons, les Playdoyers, et les Harangues qu’ils faisoient au peuple, et les autres compositions d’éloquence, comme les Oraisons d’Isocrate, de Demosthene, de Ciceron. En ce sens on dit en Rhetorique, qu’il y a cinq parties de l’Oraison, l’Exorde, la Narration, la confirmation, la Confutation, et la Peroraison.

 

Encyclopédie

[Jaucourt]

[Art oratoire des anciens]

Discours oratoire en l’honneur d’un mort. Ces sortes de discours semblent n’avoir commencé en Grece qu’après la bataille de Marathon, qui précéda de seize ans la mort de Brutus. Dans Homere on célebre des jeux aux obseques de Patrocle, comme Hercule avoit fait auparavant aux funérailles de Pélops, mais nul orateur ne prononce son éloge funebre.

 

Les Poëtes tragiques d’Athènes supposoient, il est vrai, que Thesée avoit fait un discours aux funérailles des enfans d’Œdipe ; mais c’est une pure flatterie pour la ville d’Athenes. Enfin, quoique le rhéteur Anaximènes attribue à Solon l’invention des oraisons funebres, il n’en apporte aucune preuve. Thucydide est le premier qui nous parle des oraisons funebres des Grecs. Il raconte dans son second livre que les Athéniens firent des obsèques publiques à ceux qui avoient été tués au commencement de la guerre du Péloponnèse. Il détaille ensuite cette solemnité, & dit qu’après que les ossemens furent couverts de terre, le personnage le plus illustre de la ville tant en éloquence qu’en dignité, passa du sépulcre sur la tribune, & fit l’oraison funebre des citoyens qui étoient morts à la guerre de Samos. Le personnage illustre qui fit cet éloge est Périclès si célebre par ses talens dans les trois genres d’éloquence, le délibératif, le judiciaire, & le démonstratif.

 

Dans ce dernier genre, l’orateur pouvoit sans crainte étaler toutes les fleurs & toutes les richesses de la poësie. Il s’agissoit de louer les Athéniens en général sur les qualités qui les distinguoient des autres peuples de la Grece ; de célébrer la vertu & le courage de ceux qui étoient morts pour le service de la patrie ; d’élever leurs exploits au-dessus de ce que leurs ancêtres avoient fait de plus glorieux ; de les proposer pour exemple aux vivans ; d’inviter leurs enfans & leurs freres à se rendre dignes d’eux, & de mettre en usage pour la consolation des peres & des meres, les raisons les plus capables de diminuer le sentiment de leurs pertes. Platon, qui nous présente l’image d’un discours parfait dans le genre dont il s’agit, l’avoit vraissemblablement formé sur l’éloge funebre que Périclès prononça dans cette occasion.

 

Il plut tellement, qu’on choisit dans la suite les plus habiles orateurs pour ces sortes d’oraisons ; on leur accordoit tout le tems de préparer leurs discours, & ils n’oublioient rien pour répondre à ce qu’on attendoit de leurs talens. Le beau choix des expressions, la variété des tours & des figures, la brillante harmonie des phrases faisoient sur l’ame des auditeurs une impression de joie & de surprise, qui tenoit de l’enchantement. Chaque citoyen s’appliquoit en particulier les louanges qu’on donnoit à tous le corps des citoyens ; & se croyant tout-à-coup transformé en un autre homme, il se paroissoit à lui-même plus grand, plus respectable, & jouissoit du plaisir flatteur de s’imaginer que les étrangers qui assistoient à la cérémonie, avoient pour lui les mêmes sentimens de respect & d’admiration. L’impression duroit quelques jours, & il ne se détachoit qu’avec peine de cette aimable illusion, qui l’avoit comme transporté en quelque sorte dans les îles fortunées. Telle étoit, selon Socrate, l’habileté des orateurs chargés de ces eloges funebres. C’est ainsi qu’à la faveur de l’éloquence leurs discours pénétroient jusqu’au fond de l’ame, & y causoient ces admirables transports.

 

Le premier qui haranga à Rome aux funérailles des citoyens, fut Valerius Publicola. Polybe raconte qu’après la mort de Junius Brutus son collegue, qui avoit été tué le jour précédent à la bataille contre les Etrusques, il fit apporter son corps dans la place publique, & monta sur la tribune, où il exposa les belles actions de sa vie. Le peuple touché, attendri, comprit alors de quelle utilité il peut être à la république de récompenser le mérite, en le peignant avec tous les traits de l’éloquence. Il ordonna sur le champ, que le même usage seroit perpétuellement observé à la mort des grands hommes qui auroient rendu des services importans à l’état.

 

Cette ordonnance fut exécutée, & Quintus Fabius Maximus fit l’oraison funebre de Scipion. Souvent les enfans s’acquittoient de ce devoir, ou bien le sénat choisissoit un orateur pour composer l’éloge du mort. Auguste à l’âge de douze ans récita publiquement l’éloge de son ayeul, & prononça celui de Germanicus son neveu, étant empereur. Tibere suivit le même exemple pour son fils, & Néron à l’égard de l’empereur Claude son prédécesseur.

 

Sur la fin de la république, l’usage s’établit chez les Romains de faire l’oraison funebre des femmes illustres qui mouroient dans un âge un peu avancé. La premiere dame romaine qui reçut cet honneur fut Popilla, dont Crassus son fils prononca l’oraison funebre. César étant questeur fut le premier qui fit celle de sa premiere femme morte jeune. Cicéron écrivit aussi l’éloge de Porcia, sœur de Caton, mais il ne le prononça pas.

 

Il résulte de ce détail que l’invention des oraisons funebres paroît appartenir aux Romains ; ils ont du moins cet avantage d’en avoir étendu la gloire avec plus de justice & d’équité que les Grecs. Dans Athènes on ne louoit qu’une sorte de mérite, la valeur militaire ; à Rome toutes sortes de vertus étoient honorées dans cet éloge public ; les politiques comme les guerriers, les hommes comme les femmes, avoient droit d’y prétendre ; & les empereurs eux-mêmes ne dédaignerent point de monter sur la tribune, pour y prononcer des oraisons funebres.

 

Après cela, qui ne croiroit que cette partie de l’art oratoire n’ait été poussée à Rome jusqu’à sa perfection ? cependant il y a toute apparence qu’elle y fut très-négligée ; les Rhéteurs latins n’ont laissé aucun traité sur cette matiere, ou n’en ont écrit que très superficiellement. Cicéron en parle comme à regret, parce que, dit il, les oraisons funebres ne font point partie de l’eloquence :

Nostrœ laudationes scribuntur ad funebrem concionem, quœ ad orationis laudem minimè accommodata est.

Les Grecs au contraire aimoient passionnément à s’exercer en ce genre ; leurs savans écrivoient continuellement les oraisons funebres de Thémistocle, d’Aristide, d’Agésilas, d’Epaminondas, de Philippe, d’Alexandre, & d’autres grands hommes. Epris de la gloire du bel esprit, ils laissoient au vulgaire les affaires & les proces ; au lieu que les Romains, toujours attachés aux anciennes mœurs, ignoroient ou méprisoient ces sortes d’ecrits d’appareil.

 

[Jaucourt]

[Histoire de l'éloquence en France]

Discours prononcé ou imprimé à l’honneur funebre d’un prince, d’une princesse, ou d’une personne éminente par la naissance, le rang ou la dignité dont elle jouissoit pendant sa vie.

 

On croit que le fameux Bertrand du Guesclin, mort en 1380, & enterré à S. Denis à côté de nos rois, est le premier dont on ait fait l’oraison funebre dans ce royaume ; mais cette oraison n’a point passé jusqu’à nous ; ce n’est proprement qu’à la renaissance des lettres qu’on commença d’appliquer l’art oratoire à la louange des morts, illustres par leur naissance ou par leurs actions. Muret prononça à Rome en latin l’oraison funebre de Charles IX. Enfin, sous le siecle de Louis XIV. on vit les François exceller en ce genre dans leur propre langue ; & M. Bossuet remporta la palme sur tous ses concurrens. C’est dans ces sortes de discours que doit se déployer l’art de la parole ; les actions éclatantes ne doivent s’y trouver louées, que quand elles ont des motifs vertueux ; & la gravité de l’évangile n’y doit rien perdre de ses privileges. Toutes ces conditions se trouvent remplies dans les oraisons de l’évêque de Meaux.

 

Il s’appliqua de bonne heure, dit M. de Voltaire, à ce genre d’éloquence qui demande de l’imagination, & une grandeur majestueuse qui tient un peu à la poésie, dont il faut toujours emprunter quelque chose, quoiqu’avec discrétion, quand on tend au sublime. L’oraison funebre de la reine-mere qu’il prononça en 1667, lui valut l’évêché de Condom ; mais ce discours n’étoit pas encore digne de lui, & il ne fut pas imprimé. L’éloge funebre de la reine d’Angleterre, veuve de Charles I qu’il fit en 1669, parut presque en tout un chef-d’œuvre. Les sujets de ces pieces d’éloquence sont heureux, à proportion des malheurs que les morts ont éprouvés. C’est en quelque façon, comme dans les tragédies, où les grandes infortunes des différens personnages sont ce qui intéresse davantage.

 

L’éloge funebre de Madame, enlevée à la fleur de son âge, & morte entre ses bras, eut le plus grand & le plus rare des succès, celui de faire verser des larmes à la cour. Il fut obligé de s’arrêter après ces paroles.

O nuit désastreuse, nuit effroyable ! où retentit tout-à-coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle, Madame se meurt, Madame est morte,

 &c. L’auditoire éclata en sanglots, & la voix de l’orateur fut interrompue par ses soupirs & par ses larmes.

 

M. Bossuet naquit à Dijon en 1627, & mourut à Paris en 1704. Ses oraisons funebres sont celles de la reine-mere, en 1667 ; de la reine d’Angleterre, en 1669 ; de Madame, en 1670 ; de la reine, en 1684 ; de la princesse palatine, en 1685 ; de M. le Tellier, en 1686 ; & de Louis de Bourbon prince de Condé, en 1687.

 

Fléchier (Esprit), né en 1632, au comtat d’Avignon, évêque de Lavaur, & puis de Nismes, mort en 1710, est sur-tout connu par ses belles oraisons funebres. Les principales sont celles de la duchesse de Montausier, en 1672 ; de M. de Turenne, en 1679 ; du premier président de Lamoignon, en 1679 ; de la reine, en 1683 ; de M. le Tellier, en 1686 ; de madame la dauphine, en 1690 ; & du duc de Montausier dans la même année.

 

Mascaron (Jules) né à Marseille, mort en 1734 ; évêque d’Agen en 1703. Ses oraisons funebres sont celle d’Anne d’Autriche, reine de France, prononcée en 1666 ; celle d’Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans ; celle du duc de Beaufort ; celle du chancelier Séguier, & celle de M. de Turenne. Les oraisons funebres que nous venons de citer, balancerent d’abord celles de Bossuet ; mais aujourd’hui elles ne servent qu’à faire voir combien Bossuet étoit un grand homme.

 

Depuis cinquante ans, il ne s’est point élevé d’orateurs à côté de ces grands maîtres, & ceux qui viendront dans la suite, trouveront la carriere remplie. Les tableaux des miseres humaines, de la vanité, de la grandeur, des ravages de la mort, ont été faits par tant de mains habiles, qu’on est réduit à les copier, ou à s’égarer. Aussi les oraisons funebres de nos jours ne sont que d’ennuyeuses déclamations de sophistes, & ce qui est pis encore, de bas éloges, où l’on n’a point de honte de trahir indignement la vérité.

 

Littré

Dans le langage didactique, ouvrage d’éloquence composé pour être prononcé en public. Une oraison dans le genre démonstratif. L’exorde est une des parties de l’oraison.

 

Nom que l’on donne aux discours des anciens orateurs grecs et latins. Les oraisons de Démosthène, de Cicéron.

L’on n’a guère vu jusqu’à présent un chef-d’œuvre d’esprit qui soit l’ouvrage de plusieurs : Homère a fait l’Iliade… et l’orateur romain ses oraisons. [La Bruyère, I]

 

Oraison funèbre, discours d’éloge, prononcé après la mort d’un personnage.

Ne vous a-t-on pas envoyé l’oraison funèbre de M. de Turenne [par Mascaron] ? M. de Coulanges et le petit cardinal m’ont déjà ruinée en ports de lettres, mais j’aime bien cette dépense : il me semble n’avoir jamais rien vu de si beau que cette pièce d’éloquence ; on dit que l’abbé Fléchier veut la surpasser, mais je l’en défie ; il pourra parler d’un héros, mais ce ne sera pas de M. de Turenne ; et voilà ce que M. de Tulle [Mascaron] a fait divinement à mon gré. [Sévigné, 242]