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94 : Quintilien

De l'Institution de l'orateur

Quintilien, De l’Institution de l’orateur, trad. Nicolas Gédoyn, Paris, Grégoire Dupuis, 1718, livre second, chapitre VIII, « S'il faut enseigner chaque enfant conformément à son genie », p. 106-109.

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1710 : Joseph de Jouvancy

Candidatus rhetoricae

Joseph de Jouvancy, L’Élève de rhétorique (Candidatus rhetoricae, 1e éd. 1710, 1e trad. 1892), édité par les équipes RARE et STIH sous la direction de D. Denis et Fr. Goyet, Paris, Classiques Garnier, 2019, première partie, "Comprenant les premiers éléments de rhétorique relatifs à l'invention", chap. IV, "Des parties de l'éloquence","Nature", p. 66-67. 

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Dictionnaires et encyclopédies

CN. voir Adjuncta personarum

Encyclopédie

[Alembert]

Est un terme dont on fait différens usages. Il y a dans Aristote un chapitre entier sur les différens sens que les Grecs donnoient au mot φύσις, nature ; & parmi les Latins, ses différens sens sont en si grand nombre, qu’un auteur en compte jusqu’à 14 ou 15. M. Boyle, dans un traité exprès qu’il a fait sur les sens vulgairement attribués au mot nature, en compte huit principaux.

 

Nature signifie quelquefois le système du monde, la machine de l’univers, ou l’assemblage de toutes les choses créées. Voyez Système.

 

C’est dans ce sens que nous disons l’auteur de la nature, que nous appellons le soleil l’œil de la nature, à cause qu’il éclaire l’univers, & le pere de la nature, parce qu’il rend la terre fertile en l’échauffant : de même nous disons du phénix ou de la chimere, qu’il n’y en a point dans la nature.

 

M. Boyle veut qu’au lieu d’employer le mot de nature en ce sens, on se serve, pour éviter l’ambiguité ou l’abus qu’on peut faire de ce terme, du mot de monde ou d’univers.

 

Nature s’applique dans un sens moins étendu à chacune des différentes choses créées ou non créées, spirituelles & corporelles. Voyez Etre.

 

C’est dans ce sens que nous disons la nature humaine, entendant par-là généralement tous les hommes qui ont une ame spirituelle & raisonnable. Nous disons aussi nature des anges, nature divine. C’est dans ce même sens que les Théologiens disent natura naturans, & natura naturata ; ils appellent Dieu natura naturans, comme ayant donné l’être & la nature à toutes choses, pour le distinguer des créatures, qu’ils appellent natura naturata, parce qu’elles ont reçu leur nature des mains d’un autre.

 

Nature, dans un sens encore plus limité, se dit de l’essence d’une chose, ou de ce que les philosophes de l’école appellent sa quiddité, c’est-à-dire l’attribut qui fait qu’une chose est telle ou telle. Voyez Essence.

 

C’est dans ce sens que les Cartésiens disent que la nature de l’ame est de penser, & que la nature de la matiere consiste dans l’étendue. Voyez Ame, Matiere, Étendue. M. Boyle veut qu’on se serve du mot essence au lieu de nature. Voyez Essence.

 

Nature est plus particulierement en usage pour signifier l’ordre & le cours naturel des choses, la suite des causes secondes, ou les lois du mouvement que Dieu a établies. Voyez Causes & Mouvement.

 

C’est dans ce sens qu’on dit que les Physiciens étudient la nature.

 

Saint Thomas définit la nature une sorte d’art divin communiqué aux êtres créés, pour les porter à la fin à laquelle ils sont destinés. La nature prise dans ce sens n’est autre chose que l’enchaînement des causes & des effets, ou l’ordre que Dieu a établi dans toutes les parties du monde créé.

 

C’est aussi dans ce sens qu’on dit que les miracles sont au-dessus du pouvoir de la nature ; que l’art force ou surpasse la nature par le moyen des machines, lorsqu’il produit par ce moyen des effets qui surpassent ceux que nous voyons dans le cours ordinaire des choses. Voyez Art, Miracle.

 

Nature se dit aussi de la réunion des puissances ou facultés d’un corps, sur-tout d’un corps vivant.

 

C’est dans ce sens que les Medecins disent que la nature est forte, foible ou usée, ou que dans certaines maladies la nature abandonnée à elle-même en opere la guérison.

 

Nature se prend encore en un sens moins étendu, pour signifier l’action de la providence, le principe de toutes choses, c’est-à-dire cette puissance ou être spirituel qui agit & opere sur tous les corps pour leur donner certaines propriétés ou y produire certains effets. Voyez Providence.

 

La nature prise dans ce sens, qui est celui que M. Boyle adopte par préférence, n’est autre chose que Dieu même, agissant suivant certaines lois qu’il a établies. Voyez Dieu.

 

Ce qui paroît s’accorder assez avec l’opinion où étoient plusieurs anciens, que la nature étoit le dieu de l’univers, le τὸ πᾶν qui présidoit à tout & gouvernoit tout, quoique d’autres regardassent cet être prétendu comme imaginaire, n’entendant autre chose par le mot de nature que les qualités ou vertus que Dieu a données à ses créatures, & que les Poëtes & les Orateurs personnifient.

 

Le P. Mallebranche prétend que tout ce qu’on dit dans les écoles sur la nature, est capable de nous conduire à l’idolâtrie, attendu que par ces mots les anciens payens entendoient quelque chose qui sans être Dieu agissoit continuellement dans l’univers.

Ainsi l’idole nature devoit être selon eux un principe actuel qui étoit en concurrence avec Dieu, la cause seconde & immédiate de tous les changemens qui arrivent à la matiere. Ce qui paroît rentrer dans le sentiment de ceux qui admettoient l’anima mundi, regardant la nature comme un substitut de la divinité, une cause collatérale, une espece d’être moyen entre Dieu & les créatures.

 

Aristote définit la nature, principium & causa motus & esus in quo est primo per se & non per accidens ; définition si obscure, que malgré toutes les gloses de ses commentateurs, aucun d’eux n’a pu parvenir à la rendre intelligible.

 

Ce principe, que les Péripatéticiens appelloient nature, agissoit, selon eux, nécessairement, & étoit par conséquent destitué de connoissance ou de liberté. Voyez Fatalité.

 

Les Stoiciens concevoient aussi la nature comme un certain esprit ou vertu répandue dans l’univers, qui donnoit à chaque chose son mouvement ; de sorte que tout étoit forcé par l’ordre invariable d’une nature aveugle & par une nécessité inévitable.

 

Quand on parle de l’action de la nature, on n’entend plus autre chose que l’action des corps les uns sur les autres, conforme aux lois du mouvement établies par le Créateur.

 

C’est en cela que consiste tout le sens de ce mot, qui n’est qu’une façon abrégée d’exprimer l’action des corps, & qu’on exprimeroit peut-être mieux par le mot de méchanisme des corps.

 

Il y en a, selon l’observation de M. Boyle, qui n’entendent par le mot de nature que la loi que chaque chose a reçue du Créateur, & suivant laquelle elle agit dans toutes les occasions ; mais ce sens attaché au mot nature, est impropre & figuré.

 

Le même auteur propose une définition du mot de nature plus juste & plus exacte, selon lui, que toutes les autres, & en vertu de laquelle on peut entendre facilement tous les axiomes & expressions qui ont rapport à ce mot. Pour cela il distingue entre nature particuliere & nature générale.

 

Il définit la nature générale l’assemblage des corps qui constituent l’état présent du monde, considéré comme un principe par la vertu duquel ils agissent & reçoivent l’action selon les lois du mouvement établies par l’auteur de toutes choses.

 

La nature particuliere d’un être subordonné ou individuel, n’est que la nature générale appliquée à quelque portion distincte de l’univers : c’est un assemblage des propriétés méchaniques (comme grandeur, figure, ordre, situation & mouvement local) convenables & suffisantes pour constituer l’espece & la dénomination d’une chose ou d’un corps particulier, le concours de tous les êtres étant consideré comme le principe du mouvement, du repos, &c

 

Littré

Ce qui constitue tout être en général, soit incréé, soit créé. La nature de Dieu. La nature angélique. La nature humaine.

Comme l’homme n’est pas une nature purement intelligente, et qu’il est, ainsi qu’il a été dit, une nature intelligente unie à un corps. [Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même]

 

Terme de théologie. Les deux natures de Jésus-Christ, la nature divine et la nature humaine.

La foi embrasse plusieurs vérités qui semblent se contredire… la source en est dans l’union des deux natures en Jésus-Christ. [Pascal, Pensées]

 

6. L’essence, les attributs, la condition propre d’un être ou d’une chose. La nature du feu est de brûler.

Ô vraiment divine aventure,

Que ton respect fasse marcher

Les astres contre leur nature. [Malherbe, VI, 2]

 

Fig.

C’est une grande querelle que celle de l’Angleterre avec ses colonies : savez-vous, mon ami, par où nature veut qu’elle finisse ? Par une rupture. [Diderot, Sur les lettres d’un fermier.]

 

8. Ensemble des propriétés qu’un être vivant tient de sa naissance, de son organisation, de sa conformation primitive, par opposition à celles qu’il peut devoir à l’art. Chaque animal obéit à sa nature.

Mais on ne voit qu’à Rome une vertu si pure ; Le reste de la terre est d’une autre nature. [Corneille, Nicomède]

 

Passer en nature, devenir le propre de.

Le parfait parmi les parfaits… celui à qui la vertu a passé en nature. [Bossuet, Instructions sur les états d’oraison]