PARADOXON / PARADOXE
Définitions
1765 : Jean-Baptiste Crevier
Jean-Baptiste Crevier, Rhétorique française (1765), Paris, Saillant, 1767, 2 tomes, t. 2, p. 255-260.
Dictionnaires et encyclopédies
Furetière
Proposition surprenante et difficile à croire, à cause qu’elle choque les opinions communes et receuës, quoy qu’elle ne laisse pas quelquefois d’estre veritable. Les Stoïques ont esté ceux qui ont avancé les plus grands paradoxes. L’opinion de Copernic est paradoxe selon le peuple, et est tenuë pour certaine selon tous les Sçavants. Il y a même des paradoxes en Geometrie, dont plusieurs sont recueillis dans l’Appiarium de Mario Bettino Jesuïte, et entr’autres celuy-cy, que le contenu est plus grand que le contenant.
Encyclopédie
[d’Alembert]
En Philosophie, c’est une proposition absurde en apparence, à cause qu’elle est contraire aux opinions reçues, & qui néanmoins est vraie au fond, ou du-moins peut recevoir un air de vérité. Voyez Proposition.
Ce mot est formé du grec παρὰ, contra, contre, & δόξα, opinion.
Le système de Copernic est un paradoxe au sentiment du peuple, & tous les savans conviennent de sa vérité. Voyez Copernic.
Il y a même des paradoxes en Géométrie : on peut regarder comme tels les propositions sur les incommensurables & plusieurs autres, &c. on démontre, par exemple, que la diagonale d’un quarré est incommensurable avec son côté, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune portion d’étendue si petite qu’elle soit, fût-ce 1/100000000000 de ligne qui soit contenue à-la-fois exactement dans le côté d’un quarré & dans la diagonale. La Géométrie de l’infini fournit un grand nombre de paradoxes à ceux qui s’y exercent. Voyez Asymptote, Incommensurable, Infini, Différentiel , &c. (O)
Littré
Opinion contraire à l’opinion commune.
On aime à soutenir des opinions extraordinaires et à réduire tout en paradoxe. [Montesquieu, Lettres persanes]
Crier au paradoxe, dénoncer une opinion comme contraire à l’opinion commune.
Tous les hommes vulgaires, tous les petits littérateurs sont faits pour crier toujours au paradoxe, pour me reprocher d’être outré. [Rousseau, Correspondance]
Par extension.
Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même ; humiliez-vous, raison superbe ; taisez-vous, nature imbécile. [Pascal, Pensées]
2. Chose qui est contre l’opinion commune (peu usité en ce sens).
Le tempérament a beaucoup de part à la jalousie, et elle ne suppose pas toujours une grande passion ; c’est cependant un paradoxe qu’un violent amour sans délicatesse. [La Bruyère, IV]